Pour une alimentation locale dans les institutions publiques
En avril 2020, grâce à l’appui de ses partenaires, Équiterre initiait la mise sur pied d’une communauté de pratique (Commun’assiette). Ce projet vise à mobiliser les institutions de tous les milieux (service de garde, scolaire, collégial, universitaire, de la santé, du travail etc.) afin d’offrir au sein de leur service alimentaire plus d’aliments sains, locaux et écoresponsables. L’idée est de faire de Montréal (2020-2022) un territoire pionnier en matière d’approvisionnement institutionnel sain, local et écoresponsable pour ensuite étendre le projet à la grandeur de la province du Québec (2023-2024).
Forte de ses résultats, Commun’assiette en est à sa 4e année d’opérations. Elle a pu solidifier et amplifier son travail afin d’aller encore plus loin dans l’année 2 (2021-2022) et 3 (2022-2023) grâce à un important financement obtenu par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) qui s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale d’achats d’aliments québécois (SNAAQ). Commun’assiette est maintenant prête à s’étendre et c’est avec la Montérégie que nous débutons cette expansion.
Contexte favorable pour un approvisionnement alimentaire durable
Dans un contexte particulièrement favorable où il y a déjà quelques années que la Politique bioalimentaire du Québec 2018-2025 ainsi que la SNAAQ ont été adoptées par le MAPAQ et que de nombreux partenaires de tous les secteurs et régions du Québec s’y rallient, il y a un intérêt significatif pour de nouveaux processus d’approvisionnement alimentaire dans les institutions de la province.
On recense actuellement plusieurs initiatives qui visent à outiller les différents milieux institutionnels dans leurs démarches vers un système alimentaire durable qui favorise un approvisionnement en aliments sains, locaux et écoresponsables.
Mouvement pour un système alimentaire plus durable
Cet élan est en phase avec un mouvement général de société qui a pris de l’ampleur au cours des dernières années et encore plus avec la récente pandémie de la COVID-19 et la crise climatique, amenant nos gouvernements et sociétés à vouloir se doter de systèmes agricoles et alimentaires plus durables et résilients.
Mission du MAPAQ
Le gouvernement du Québec fait de l’accroissement de notre autonomie alimentaire un de ses fers de lance et l’inscrit comme partie prenante de la reprise économique post COVID-19. La mission du MAPAQ est de favoriser une offre alimentaire de qualité et d’appuyer le développement d’un secteur bioalimentaire prospère et durable contribuant à la vitalité des territoires et à la santé de la population.
Des consommateurs plus écoresponsables
Les consommateurs consomment aussi différemment. On constate qu’ils :
- orientent leurs choix alimentaires en fonction des pratiques des entreprises bioalimentaires;
- recherchent un lien de proximité avec des producteurs et transformateurs;
- veulent connaître la provenance des aliments qu’ils consomment, ce qui les compose et les enjeux entourant la production, la transformation ou la commercialisation.
Initiatives gouvernementales
Plusieurs initiatives gouvernementales pour une alimentation locale ont été mises de l’avant récemment :
- La Politique bioalimentaire du Québec (2018) favorise l’importance d’un système alimentaire durable pour le Québec;
- Le Guide alimentaire canadien (2019) a ajouté du poids à cette priorité en soutenant :
- une plus grande consommation de fruits et légumes;
- la réduction de la consommation des protéines animales;
- la réduction des aliments hautement transformés et du gaspillage alimentaire;
- l’importance de cuisiner à partir des aliments de base et de développer des connaissances et compétences alimentaires.
- La Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (2020) a pour objectif d’augmenter de façon considérable la part des aliments de chez nous achetés par les institutions publiques du Québec.
La Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois
La SNAAQ incite les institutions publiques à accroître la présence d’aliments québécois dans leurs services alimentaires. Elle demande à ce que :
- 85 % des 1 310 établissements publics d’enseignement primaire, secondaire et postsecondaire ainsi que les établissements de santé et de services sociaux se fixent une cible d’achat d’aliments québécois d’ici 2023;
- que près de 3 000 institutions publiques du Québec se soient fixé une telle cible d’ici 2025.
La Stratégie comporte des orientations qui comprennent chacune des objectifs et des actions. Celles-ci mettent l’accent sur les différents vecteurs de rapprochement entre les institutions publiques et les entreprises bioalimentaires québécoises.
Elles se déclinent en quatre volets :
- Concertation et engagement des institutions publiques;
- Soutien et accompagnement des institutions publiques;
- Rapprochement de l’offre et de la demande;
- Adaptation de l’offre bioalimentaire québécoise au marché institutionnel.
Les actions représentent aussi une occasion d’intégrer dans les achats publics plusieurs considérations comme le développement durable, l’éducation alimentaire, la santé et la proximité avec les entrepreneurs bioalimentaires d’ici.
Les avantages de se fixer une cible d’achat d’aliments du Québec
- Encourager l’économie locale et accroître l’autonomie alimentaire du Québec;
- S’approvisionner en produits de qualité qui répondent aux besoins et aux attentes de la clientèle;
- Rayonner en tant qu’institution socialement responsable et devenir un vecteur de changement positif au sein de notre société en donnant l’exemple;
- Contribuer au sentiment d’appartenance du personnel en développant des compétences en matière d’achat local et de traçabilité des aliments achetés.
L’importance de connaître son point de départ
Les institutions qui ont quantifié leur part d’approvisionnement alimentaire selon différents critères à mesurer (aliments locaux, biologiques, équitables, etc) ont souvent été surprises de constater qu’une bonne part est déjà de provenance locale. Cette étape est vraiment importante et fortement recommandée.
Les avantages de la quantification des aliments québécois
- Étape encourageante : on s’approvisionne plus localement qu’on ne le croit;
- Établissement d’un seuil : point de départ pour permettre de se fixer des cibles significatives et de cibler les catégories d’aliments à prioriser;
- Évolution et cibles graduelles : la quantification régulière permet de mesurer les progrès et se fixer de nouvelles cibles, d’identifier les catégories alimentaires sur lesquelles miser davantage et d’identifier les enjeux principaux;
- Métadonnées et compilations colligées : ceci permet d’envoyer un message fort à nos instances gouvernementales et d’aller chercher leur appui en leur permettant d’intervenir (développer des programmes ) en connaissance de cause.
Principaux leviers pour favoriser les aliments québécois
Plusieurs leviers sont prévus pour favoriser l’achat d’aliments produits ou transformés au Québec par les institutions, dont :
- Service d’accompagnement des institutions publiques, en collaboration avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie de Québec (ITHQ);
- Programme de développement des marchés bioalimentaires (aide financière) pour accroître la commercialisation des aliments québécois dans les institutions dans lequel est supporté entre autre le projet Commun’assiette : une communauté pour une alimentation institutionnelle durable;
- Répertoire des aliments québécois pour permettre aux responsables de l’approvisionnement, aux chefs cuisiniers et aux nutritionnistes des institutions d’identifier et de mieux connaître les produits alimentaires québécois;
- Programme de reconnaissance Aliments du Québec au menu – Institution pour faire rayonner les efforts des établissements qui mettent en valeur les produits de chez nous dans les services alimentaires;
- Aide financière à l’organisme M361 pour soutenir les établissements scolaires primaires et secondaires dans la réalisation de projets qui favorisent l’achat d’aliments québécois dans lequel les écoles sélectionnées reçoivent un accompagnement d’Équiterre pour soutenir l’implantation de leur projet et peuvent profiter d’une reconnaissance d’Aliments du Québec au menu – Institution, partenaires de réalisation de ce projet;
- Comité regroupant les principaux ministères concernés et ayant pour mandat d’assurer l’engagement des parties et la cohésion des actions pour l’achat d’aliments québécois.