Face aux défis du gaspillage alimentaire et de la surproduction de plastique, il est important que les services alimentaires institutionnels fassent leur part en adoptant des stratégies pour réduire leurs déchets, qu’ils soient alimentaires ou non.
C’est quoi, la gestion des matières résiduelles (GMR)?
La GMR réfère à la gestion de tous les types de résidus (matières recyclables, résidus dangereux, ordures, etc.) et inclut leur entreposage, leur manutention, leur transport et leur collecte.
Saviez-vous que?
💡 Des recherches menées par Value Chain Management International en 2019 ont révélé que 20 % (ou 11 millions de tonnes) des aliments produits au Canada chaque année sont enfouis ou incinérés. Les matières organiques enfouies et en décomposition sans oxygène produisent du biogaz composé de méthane (CH4), un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2 (Source : Recyc-Québec).
💡 L’expression « gestion des déchets » a progressivement cédé la place à celle de « gestion des matières résiduelles », car cette dernière implique qu’il s’agit de ressources susceptibles d’avoir une seconde vie! Grâce à des pratiques telles que la réutilisation, le recyclage ou encore le compostage, il est possible de détourner des résidus destinés à l’enfouissement, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. De fait, 56 % des matières éliminées sont recyclables ou compostables (Source: RECYC-QUÉBEC, Étude de caractérisation à l’élimination 2019-2020).
💡 Le 15 mars 2024, le Canada a fêté son jour du dépassement. Cela signifie que le 15 mars, le Canada a consommé l’ensemble des ressources naturelles renouvelables que la Terre peut lui fournir en une année pour ne pas puiser dans ses réserves. Ça prendrait donc 4,9 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale si tout le monde consommait comme le Canada!
Pour s’impliquer dans la réduction des matières résiduelles, on peut s’aider de la hiérarchie des 3RV-E (réduction, réemploi, recyclage, valorisation et élimination). Ce concept aide à identifier les stratégies à privilégier, pour diminuer ses émissions de GES, et limiter ce qui se retrouve à l’enfouissement.
La hiérarchie des 3RV-E, pour prioriser ses actions
Réduction à la source
La réduction à la source est au fondement de la hiérarchie des 3RV-E : le déchet le plus facile à gérer est avant tout celui qui n’a pas été produit! En réduisant la quantité d’aliments ou de plastique qu’on achète ou produit, on diminue l’extraction de ressources naturelles nécessaires pour les fabriquer et on atténue ainsi la pollution engendrée par l’extraction des matières premières, la transformation, le transport, etc.
→ Au sein de votre service alimentaire, la réduction à la source peut se traduire par une diminution de la quantité de nourriture produite si vous estimez que les portions étaient excessives pour la clientèle. Cela peut également consister à éliminer l’utilisation de contenants à usage unique au profit de contenants réutilisables.
Réemploi ou réutilisation
Le réemploi ou réutilisation est la deuxième étape à prioriser, celle-ci désigne l’utilisation répétée d’un produit ou d’un emballage, sans modification de son apparence ou de ses propriétés.
Cela peut être la réutilisation d’une partie d’un aliment, par exemple si vous utilisez les pelures d’une pomme pour en faire des chips!
Recyclage
Le recyclage est un processus par lequel une matière résiduelle subit des transformations afin d’être utilisée comme matière première dans la fabrication d’un nouveau produit.
- Trier ses déchets et placer les matériaux recyclables dans le bac de récupération est un geste essentiel pour garantir leur traitement adéquat. Les matériaux recyclables jetés dans le mauvais bac risquent d’être éliminés directement (par enfouissement ou incinération) alors qu’ils auraient pu être recyclés et transformés en un nouveau produit!
- Le compostage et la biométhanisation sont aussi des façons de recycler vos matières organiques. De plus, le compost permet d’améliorer la qualité des sols et de diminuer la quantité de déchets envoyés vers les sites d’enfouissement.
La biométhanisation est un procédé de recyclage biologique des matières organiques putrescibles par des microorganismes en absence d’oxygène. On peut également l’appeler « digestion anaérobie, fermentation méthanique ou méthanisation », ce processus produit un résidu que l’on appelle « digestat » ainsi que du biogaz.
L’hôpital de Hull (CISSS de l’Outaouais) a mis en place le premier digesteur aérobie au Canada, cliquez-ici pour en savoir plus!
Valorisation
La valorisation est un terme générique qui englobe l’ensemble des techniques qui permettent le réemploi, la récupération ou le recyclage de matières résiduelles, dans le but de les détourner de l’élimination.
- À ce stade, la gestion des matières résiduelles ne relève plus de la responsabilité de votre service alimentaire. C’est une fois que les déchets parviennent aux centres de tri que leur parcours de valorisation est déterminé.
- La valorisation des déchets peut prendre deux formes distinctes. D’une part, il y a la valorisation énergétique qui consiste à produire de l’énergie utilisable à partir des déchets, notamment par des procédés de traitement thermique comme l’incinération. D’autre part, il y a la valorisation matière, qui implique le remplacement d’une matière première vierge par une matière résiduelle afin de produire un produit différent.
Élimination
Enfin, l’élimination désigne le traitement final : les déchets peuvent par exemple être enfouis ou bien incinérés.
- En 2021, la quantité totale de matières résiduelles éliminées s’élevait à 6 160 000 tonnes, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2018. Sur ce total, les résidus provenant des institutions, des commerces et des industries (ICI) représentaient 32 % du total éliminé, soit un peu moins de 2 M de tonnes.
- La seule matière résiduelle qui devrait arriver vers des lieux d’élimination est le résidu ultime, soit ce qu’il reste une fois que les déchets ont été triés, préparés et valorisés autant que possible. Il ne peut plus être traité efficacement ou économiquement pour en retirer des matériaux valorisables ou pour réduire son impact polluant ou dangereux.
D’après un rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) publié en janvier 2022, 96 % des matières résiduelles destinées à l’élimination ont été acheminées vers des lieux d’enfouissement en 2019. L’enfouissement présente de nombreux enjeux environnementaux tels que la contamination potentielle de l’eau.
Environ 4 % des déchets sont incinérés. Cela entraîne la diffusion dans l’atmosphère de substances nocives qui perturbent nos écosystèmes et représentent un danger pour la faune, la flore et la santé humaine.
Il est nécessaire de réduire la quantité de matières résiduelles destinées à l’élimination, car les impacts sur notre santé et celle de nos écosystèmes sont bien réels!
Parmi les 3RV-E, la réduction à la source et le réemploi sont les stratégies à privilégier pour réduire l’empreinte carbone de son service alimentaire. Pour en savoir davantage sur des stratégies, consultez nos sections sur la réduction du gaspillage alimentaire et la réduction des emballages et contenants à usage unique!
Au-delà du recyclage et du compostage : miser sur la réduction à la source
Si le recyclage et le compostage sont des pratiques importantes, il est essentiel de reconnaître que leur efficacité est limitée.
Du côté du recyclage par exemple, une partie des déchets est souvent mal triée et des déchets recyclables se retrouvent à l’enfouissement ou à l’incinération. Les bacs bruns pour le compostage sont quant à eux, encore sous-utilisés ou mal-utilisés. Et la possibilité du compostage ne doit pas servir d’excuse au gaspillage alimentaire!
En bref, pour le recyclage comme le compostage, le personnel employé et la clientèle doivent continuer à être sensibilisés et formés sur ces pratiques.
Une grande partie des matières résiduelles a un impact environnemental, même lorsqu’elles sont recyclées ou compostées. Le recyclage et le compost nécessitent la collecte, le transport, le tri et le traitement des matières, ce qui demande des ressources et qui peut polluer. De plus, inévitablement, certaines ressources sont perdues lors des processus de transformation. Pour réduire véritablement notre empreinte écologique, la priorité doit être accordée à la réduction à la source des déchets.
En adoptant des pratiques telles que l’achat en vrac, la réduction du gaspillage alimentaire, la diminution de l’utilisation des emballages et l’usage de contenants réutilisables, les services alimentaires peuvent grandement contribuer à réduire la quantité de déchets produits, tout en minimisant l’impact sur l’environnement et sur les dépenses.