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[Portrait] Claudine Dessureault : nourrir les écoliers grâce à la sécurité alimentaire et la durabilité

Les effets bénéfiques du Club des petits déjeuners sont significatifs : au Québec seulement, 87 000 enfants profitent d’un repas nutritif chaque matin, sans lequel ils commenceraient la journée le ventre vide. Il y a plus d’une décennie que Claudine Dessureault participe activement à cette mission.

Depuis trente ans, cet organisme présent partout au pays fournit un petit déjeuner équilibré et nutritif aux enfants des écoles qui en font la demande. Au Québec, pas moins d’un enfant sur cinq risque d’arriver à l’école le ventre vide ; c’est dans cette statistique que Claudine Dessureault, conseillère principale aux achats et aux inventaires pour le Club, puise sa motivation. Et son rôle clé dans l’organisme lui permet de joindre à la mission première du Club des petits déjeuners un autre objectif, celui d’augmenter la proportion de produits locaux, cultivés dans le respect du développement durable, dans les repas servis aux enfants. Un objectif que Commun’assiette l’aide à atteindre. 

Claudine Dessureault a d’abord été enseignante au primaire avant de bifurquer vers Alloprof, un organisme d’aide aux devoirs et d’accompagnement pour contrer le décrochage scolaire. Poussée par un profond désir de changer les choses, elle se joint en 2012 à l’équipe du Club des petits déjeuners. Aujourd’hui, l’ex-enseignante y joue un rôle de gestion axé sur la négociation avec les partenaires alimentaires. « En arrivant ici, j’ai vraiment senti que je pouvais faire une différence auprès des jeunes, mais d’une autre façon qu’en étant dans le réseau de l’enseignement », explique-t-elle.  

 

Au fil des questions, on sent l’énergie qui pousse la conseillère à multiplier les actions afin d’augmenter la part des produits québécois dans l’offre alimentaire du Club des petits déjeuners, présent dans 500 écoles au Québec :

« Ce travail est en accord avec mes valeurs. Ma fibre québécoise est très forte : j’ai toujours été fière de nos couleurs, de notre langue, de ce qu’on fait. Et je suis heureuse de dire que ça se reflète aussi dans le menu qu’on propose aux élèves. »

Déjà, 73 % des aliments que propose le Club proviennent du Québec : pommes, lait, yogourt, carottes, fromage, ainsi que des galettes et des barres de céréales; et l’objectif est d’atteindre 80 % d’aliments d’ici.

Cet accomplissement, dont se réjouit Claudine Dessureault, a des retombées pour plusieurs acteurs du monde agroalimentaire québécois : en effet, le Club a noué des partenariats avec des organisations telles que la Fédération des producteurs d’œufs du Québec et les Producteurs de pommes du Québec. Il continue donc à faire rayonner les aliments d’ici, un petit déjeuner à la fois.

Soutenir l’innovation alimentaire

Le Club des petits déjeuners travaille aussi, avec certains de ses partenaires, à créer de nouveaux produits, et chacune de ces innovations est une occasion de faire une place aux aliments d’ici et à plus de durabilité. Pourtant, ces efforts de recherche et développement sont moins connus du grand public.

« On part vraiment de la base. Quand on a une nouvelle idée, on la teste. Si c’est concluant, on l’ajoute à notre menu. Les équipes des entreprises avec qui on travaille pour créer ces nouveaux produits sont vraiment dynamiques. Il y a des défis intéressants dans les contraintes qu’on leur impose. Comme les clients auxquels nos petits déjeuners sont destinés sont des enfants, il faut penser “en dehors de la boîte”. On est dans des écoles, on veut développer des goûts, on veut que ce soit bon et efficace », explique Claudine Dessureault.

Récemment, l’organisme a par exemple travaillé avec l’entreprise Still Good, dont la mission est de revaloriser des ingrédients pour réduire le gaspillage alimentaire, afin de créer une galette-déjeuner. Résultat : une galette nutritive composée de drêche, qui provient du brassage de la bière, et de résidus de fromage de chèvre et canneberge, qui proviennent d’une entreprise de fabrication de fromage de chèvre enrobé de fruits. On planche maintenant sur l’idée d’un smoothie fait à partir de fruits et de légumes invendus d’ici.

De lieux d’échange à accélérateur

Pour Claudine Dessureault, la participation du Club des petits déjeuners à Commun’assiette a eu de belles retombées, notamment en permettant à des intervenants de toute la chaîne alimentaire de contribuer à un menu plus sain, local et écoresponsable, parfaitement en accord avec les valeurs de l’organisation caritative. Le projet piloté par Équiterre se démarque d’ailleurs par son approche de concertation : « On partage des informations importantes sur les partenaires, les fournisseurs, on s’aide mutuellement à atteindre notre objectif, qui est de servir davantage d’aliments locaux et de qualité à la population. On se demande comment on peut mieux travailler ensemble. On est en mesure de mettre nos expériences en commun. »

Sans cette initiative lancée à Montréal en 2020, puis en Montérégie en 2023, la gestionnaire est convaincue qu’il y aurait des occasions manquées : « On souhaite remplacer un produit importé par un autre qui vient d’ici : qui l’a déjà fait ? On veut végétaliser notre menu : par où commencer ? [Sans Commun’assiette], on passerait à côté de plein d’entreprises dont on n’aurait pas été en mesure de voir le plein potentiel. Le maillage permet de créer des liens à partir de nos besoins. Je vois vraiment ce projet comme un accélérateur. » 

Claudine Dessureault ajoute que la communauté qui s’est créée autour de Commun’assiette lui fait gagner du temps en la dirigeant vers des instances qui ont déjà une sensibilité aux questions d’alimentation durable. « On pense souvent qu’on est seul sur notre île. Mais en participant à Commun’assiette, on constate très rapidement que ce n’est pas le cas. »

Les ponts qui se créent entre divers intervenants désireux de promouvoir une alimentation plus saine, locale et écoresponsable génèrent des résultats bien plus grands que la somme des parties, à la fois pour le Club des petits déjeuners et pour le projet mené par Équiterre : « Ça trace une belle route devant nous. On a encore beaucoup de travail à faire, mais en mobilisant les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les institutions d’ici, on pourra nourrir les gens de chez nous avec des aliments de chez nous. »

Le Club des petits déjeuners, pour sa part, peut déjà choisir avec quoi nourrir les enfants : « On sait que [grâce au repas qu’on leur sert le matin], ils vont se sentir bien et ils seront prêts à apprendre. Il y a quelque chose de beau là-dedans. C’est incroyable, le pouvoir de l’alimentation », résume celle qui, encore aujourd’hui, prend soin des enfants, comme le faisait l’enseignante qu’elle a été au début de sa carrière. Le fil conducteur qui relie les différentes étapes de son parcours en est un d’influence et de bienveillance.

Ce travail est en accord avec mes valeurs. Ma fibre québécoise est très forte : j’ai toujours été fière de nos couleurs, de notre langue, de ce qu’on fait. Et je suis heureuse de dire que ça se reflète aussi dans le menu qu’on propose aux élèves. 

Claudine Dessureault

Conseillère principale aux achats et aux inventaires, Club des petits-déjeuners