Les organismes communautaires et leurs gestionnaires, comme Marc-André Simard, du Chic Resto Pop, jouent un rôle central dans la promotion d’une alimentation saine. Ils ont le pouvoir de façonner les comportements et d’encourager les gens à changer leurs habitudes. L’éducation passe en partie par l’assiette, et dans celle du Chic Resto Pop, les produits locaux et de saison sont à l’honneur. Une approche qui est parfaitement alignée avec les fondements du projet Commun’assiette.
Marc-André Simard est un gars d’Hochelaga-Maisonneuve, qui a toujours eu la tête et le cœur dans ce quartier. « Plus jeune, j’ai fréquenté la plupart des organismes communautaires du coin. Et j’y ai travaillé aussi, beaucoup. J’ai passé 10 ans au YMCA. Le communautaire, ça fait partie de moi. » Après avoir obtenu un baccalauréat en économie sociale et réalisé de nombreux mandats en gestion, toujours dans le secteur communautaire, cet homme sympathique est directeur général du Chic Resto Pop depuis 2022.


Profondément ancré dans la communauté
Figure emblématique de ce quartier de l’est de Montréal, le Chic Resto Pop fait la fierté des Hochelagais et Hochelagaises. « Tout le monde ici a une histoire liée au Chic. On est un organisme qui répond directement aux besoins des gens. Notre mission est d’augmenter la capacité d’agir des personnes dans les domaines de l’alimentation et de l’emploi », résume Marc-André Simard. Pour son volet alimentaire, l’organisme fondé en 1984 outille les gens qui le fréquentent afin qu’ils puissent avoir une alimentation plus saine, plus encadrée et plus équilibrée. Il propose d’une part un restaurant communautaire, où il est possible d’obtenir un repas complet pour 4,50 $, et offre d’autre part de nombreux ateliers et événements culinaires. Annuellement, cette entreprise d’économie sociale génère plus d’un million de dollars de revenus autonomes et permet la réintégration au travail d’une centaine de personnes, en les formant pour travailler en cuisine et au service. Le Chic Resto Pop est un organisme membre de La Cantine pour tous, un collectif qui fédère des organisations d’économie sociale et solidaire partageant une volonté d’agir ensemble pour contribuer à résoudre l’insécurité alimentaire et d’autres enjeux en alimentation sur leurs territoires.
À l’heure du dîner et du souper, du lundi au vendredi, le Chic Resto Pop offre à la population d’Hochelaga-Maisonneuve une alimentation saine et diversifiée, qui lui permet de découvrir de nouvelles saveurs. Jusqu’à 600 personnes visitent l’endroit quotidiennement. Petit à petit, la clientèle qui se rassemble dans l’enceinte de l’ancienne église de la rue Adam se transforme. On y rencontre de plus en plus de familles qui font face à des défis de sécurité alimentaire, note Marc-André Simard.
L’attrait de Commun’assiette
Dans son bureau installé dans l’ancien presbytère adjacent à la vaste et lumineuse salle à manger, le gestionnaire ne cache pas son enthousiasme envers le projet d’Équiterre, mis en place à Montréal en 2020 : « Le processus est riche, et je suis fier d’en faire partie. Il permet de tisser des liens, de se questionner, puis de planifier la suite ensemble. Pour moi, Commun’assiette, c’est un tremplin dont on avait grandement besoin. »
Il ne fait aucun doute que Commun’assiette contribue au succès des actions de l’organisme : « Sur le terrain, ça nous permet de créer des circuits courts vraiment pertinents en travaillant avec des producteurs locaux, mais aussi de s’encourager les uns les autres dans nos efforts. C’est une plateforme d’échange extraordinaire. Ici, au Chic Resto Pop, on s’est rendu compte que peu importe qui dans l’équipe participait aux rencontres organisées dans le cadre du projet, il y avait immanquablement des éléments intéressants à intégrer à nos opérations. »
Commun’assiette favorise l’apprentissage par les pairs, de sorte que les intervenants qui créent cette communauté de pratique sont tous, à un moment ou à un autre, des experts qui détiennent un savoir intéressant pour le reste du groupe. Dans le cas du Chic Resto Pop, les effets de ce maillage sont très concrets : « À partir du moment où on a identifié le pourcentage d’aliments du Québec qu’on servait à notre clientèle, on s’est collectivement fixé une cible et on est tous prêts à travailler pour l’atteindre. Sans le soutien de Commun’assiette, ça n’aurait pas été possible. Ce n’est pas quelque chose que nous aurions fait d’emblée. »


La force du nombre
Marc-André Simard croit à la viabilité à long terme du projet et aux effets directs que les actions de Commun’assiette peuvent avoir sur l’alimentation des Québécois et des Québécoises. Il croit aussi à la force du nombre. Plus il y aura de nouveaux membres, plus le groupe pourra se spécialiser et gagner en pertinence.
« Mon souhait serait qu’on puisse éventuellement se pencher collectivement sur des difficultés auxquelles on fait tous face et trouver des solutions ensemble. On pense à la sécurité et à l’éducation alimentaires, ou encore à l’approvisionnement en produits spécifiques, par exemple. Imaginons qu’on est huit ou dix à avoir besoin de champignons; est-ce qu’on peut se dire qu’on investit pour en acheter ou en produire ? Est-ce qu’on peut imaginer une solution ensemble ? Ce serait quelque chose de vraiment satisfaisant, si on y parvenait », imagine Marc-André Simard.
Qu’il s’agisse de légumes cultivés par Sentier Urbain, un organisme qui encourage le verdissement et l’agriculture urbaine, et qui sont utilisés par le Chic Resto Pop, d’un partenariat avec la bibliothèque Maisonneuve pour créer des jardins sur le toit ou d’éducation populaire sur l’alimentation locale et de saison, la mission que se donnent Marc-André Simard et son équipe en matière d’alimentation durable dépasse largement le fait d’offrir des repas à prix abordable.
Mon souhait est que, collectivement, nous puissions relever des défis communs et trouver ensemble des solutions durables pour notre alimentation.