De l’écoconception des emballages à l’utilisation de palettes réutilisables pour transporter les aliments, un grand nombre d’actions sont réalisables pour réduire l’utilisation d’emballages et notre production de déchets. Mais qu’en est-il du rôle des institutions et des services alimentaires ?
Les institutions et services alimentaires ont un pouvoir d’achat important. À travers leurs pratiques d’approvisionnement, elles peuvent avoir un impact significatif sur la réduction des emballages à l’échelle québécoise. Au-delà des emballages primaires, tout un travail peut être réalisé en amont; opter pour des produits moins emballés ou en vrac, demander une réduction des emballages tertiaires et secondaires, ajouter des critères écoresponsables aux appels d’offres ou simplement discuter avec ses fournisseurs sont des actions concrètes qui peuvent les inciter à agir sur les emballages de leurs produits.
En reprenant la hiérarchie du zéro déchet : on peut commencer par repenser notre façon d’utiliser certains emballages ou contenants. Ensuite, il s’agit de réduire au maximum : mettre en avant le réutilisable plutôt que le jetable, mettre en place des dissuasifs économiques, on peut par exemple ajouter un coût supplémentaire en cas d’utilisation d’emballage à usage unique et les sommes récoltées serviront alors à financer le déploiement ou renforcement de solutions de réduction à la source des emballages. D’autres solutions sont possibles telles que bannir complètement certains ustensiles jetables (ex. les bâtonnets pour le café) ou encore mettre en place un système d’adhésion volontaire pour certains articles à usage unique.
Réduire les emballages : par où commencer?
Pour réduire les emballages, devrait-on supprimer tous les emballages ? Non, comme expliqué dans la section « Portrait », les emballages sont incontournables pour contenir, conserver et transporter certains aliments.
L’idée n’est donc pas de supprimer tous les emballages mais de trouver le « juste » emballage, c’est-à-dire celui qui remplit toutes les fonctions nécessaires à la préservation de l’aliment, tout en ayant un impact environnemental faible!
Suremballage : Quantité d’emballage qui dépasse ce qu’exige le produit pour être protégé de dommages éventuels, ou qui est ajoutée pour des raisons esthétiques ou de marketing. Le suremballage peut aussi se traduire par la subdivision excessive d’une quantité de produits (ex. petits pots de yogourt, paquets de quelques biscuits, etc.).
Comment privilégier des emballages plus « justes » ?
Commencer par discuter avec vos distributeurs, fournisseurs et entreprises de production alimentaire pour explorer d’autres méthodes et favoriser l’utilisation d’emballages écoresponsables.
Une série de questions que vous pourriez poser à vos fournisseurs, proposée par l’organisme Écoconception et Économie Circulaire :
- Ont-ils une politique de développement durable?
- Ont-ils une politique d’approvisionnement responsable?
- Possèdent-ils une certification environnementale (ex. : ICI on recycle+, LEED, ISO, B Corp, etc.)?
- Sont-ils proactifs en matière de reddition de comptes en développement durable?
- Peuvent-ils vous garantir la traçabilité des matières (exploitation et extraction, transport, contenu recyclé, composition des matières [additifs, adhésifs, substances chimiques, etc.])?
- Sont-ils situés à proximité de vos propres installations?
(Re)connaître les différents types d’emballages pour faire des choix éclairés
Pour identifier un emballage écoresponsable, on peut se référer à 3 critères :
1. Un emballage composé de matières recyclables qu’on peut identifier en se fiant au symbole de recyclage, appelé ruban de Möbius
Toutefois, ce dernier n’est pas le seul indicateur : il faut aussi regarder les nombres qui se trouvent en son centre. Ensuite, il faut s’assurer de leur compatibilité avec les installations qui les traitent, ce qui dépend de la municipalité dans laquelle se trouve votre institution. Les centres de tri situés à proximité permettent-ils de trier ces contenants et emballages? Y a-t-il des débouchés?
⚠️Les emballages compostables et biodégradables ne sont pas toujours les options les plus durables. Par exemple, les emballages en plastiques biosourcés sont fabriqués à partir de produits agricoles qui nécessitent beaucoup d’énergie, d’eau et d’engrais et qui ont des impacts négatifs sur l’environnement. En outre, le plastique biosourcé réagit de la même manière que le plastique traditionnel dans l’environnement : il ne se biodégrade pas et représente un danger pour la faune et la flore. Les animaux risquent de s’étouffer en l’ingérant ou de s’emmêler dedans.
2. Un emballage conçu avec moins de matières
Il s’agit ici de trouver un emballage qui ne rentre pas dans la catégorie du suremballage. Un emballage juste permet de protéger et conserver le produit tout en ayant un impact environnemental moindre.
3. Un emballage dont le volume est diminué
Pour qu’un emballage soit optimal, il ne doit pas dépasser 15 % d’espace vide. Cependant, une enquête de Forbes insight a montré que 25 % des marchandises transportées sont principalement de l’air. En d’autres termes, un quart des camions en circulation transportent actuellement de l’air! Des GES sont émis pour transporter du vide car les emballages ne sont pas optimisés.
Vous souhaitez être outillé(e)s sur les meilleures pratiques pour les emballages alimentaires ? Consultez le guide réalisé conjointement par l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA), Éco Entreprises Québec ainsi que le Groupe Agéco.
Implanter de la vaisselle réutilisable pour réduire les contenants à usage uniques
D’après le Guichet unique pour la transition alimentaire (GUTA) : La vaisselle réutilisable — réemployable ou à usage multiple — concerne tout type d’article qui sert à emballer, contenir, mélanger ou consommer un aliment ou une boisson pouvant être retourné au commerce alimentaire afin d’être utilisé plusieurs fois. La durée de vie de cet article va dépendre du type de matériau (inox, plastique, verre…), de l’usage qu’on va en faire, de son entretien (cycles de lavage), des conditions d’entreposage, etc.
Prenons l’exemple d’une boisson chaude comme le café pour explorer les différentes options d’emballage. Un café peut être servi dans :
- Une tasse en carton avec couvercle et manchon : avec son gobelet en papier, il semble être une option intéressante. Toutefois, le revêtement imperméabilisant à l’intérieur du récipient le rend trop difficile à recycler.
- Une tasse en céramique : ce contenant peut être fourni par le service alimentaire à la clientèle, qui le retourne après utilisation. Une fois lavé, il est prêt à être réutilisé.
- Une tasse réutilisable personnelle : la clientèle apporte son propre contenant et permet au service alimentaire de fournir uniquement le breuvage. Cette option est la plus intéressante mais reste encore marginale : on estime que seulement 2 à 3 % des utilisateur(-trice)s des restaurants et services apportent leur tasse. Des incitatifs financiers peuvent encourager ce geste, il est souhaitable qu’il se popularise davantage.
Comme on peut le voir sur cette infographie issue du rapport The New Reuse Economy, les tasses de céramiques ont un impact environnemental moins grand que les gobelets jetables. Ce calcul peut se transposer à d’autres contenants alimentaires : l’option du réutilisable est toujours préférable à celle du jetable.
Selon cette même étude, opter pour le réutilisable dans son service alimentaire permet dans 100 % des cas de réduire les coûts lorsque les repas sont consommés sur place.
Au Québec, il existe plusieurs entreprises proposant des contenants réutilisables et certains d’entre eux proposent même de se charger de la gestion du lavage des contenants.
⬅️ Comparaison de la consommation d’eau d’une tasse en carton et d’une tasse en céramique
Plan d’action pour implanter de la vaisselle réutilisable en institution :
Sensibiliser le personnel et la clientèle
- Intégrer une formation aux pratiques écoresponsables lors de la formation du nouveau personnel
- Mettre en avant les raisons qui motivent à s’engager dans cette démarche auprès de votre clientèle et du personnel
Trouver du soutien auprès de la direction
- Mettre en avant que d’autres services alimentaires l’ont fait avant vous et que cela est possible : regardez l’exemple du Cégep Édouard Montpetit
- Prévoir un investissement initial pour l’achat des contenants réutilisables
Effectuer des changements de procédures
- Consacrer une réflexion approfondie à la liste des objectifs à atteindre par l’établissement. Il existe plusieurs façons de procéder, prenez le temps de trouver celle qui vous correspond le mieux
- Adopter une approche progressive dans la mise en place des mesures de réduction. Il ne s’agit pas de changer tous vos contenants en une seule fois, faites des tests, voyez les réactions du personnel et de la clientèle, les retombées environnementales et économiques, etc.
Envisager des alternatives quand le réutilisable n’est pas possible dans certains cas, notamment des contenants recyclables ou compostables. Pour en savoir plus sur les emballages biodégradables et compostables : consultez la fiche réalisée par Écoconception et économie circulaire
Développer de nouvelles procédures
- Établir une procédure pour accepter les contenants individuels des client(e)s, lorsque cela est possible
- Définir des protocoles pour les contenants réutilisables à emporter, y compris l’établissement d’une consigne pour décourager les oublis et les vols
- Inspirez-vous de procédures déjà établies ailleurs pour définir les vôtres : consultez ici la fiche technique de La Tasse, proposée par La Vague et les capsules « Comment distribuer la tasse » et « Comment gérer le retour des tasses sales »
La réduction des emballages et des contenants à usage unique est une partie importante de la transition vers des pratiques institutionnelles plus écoresponsables. Les institutions ont un pouvoir d’agir et une influence sur leurs clientèles, sur leurs employé(e)s et sur leurs fournisseurs. Elles ont le potentiel de faire changer les pratiques au sein du système alimentaire, pour réduire les emballages ainsi que le gaspillage alimentaire.