Depuis 2003, la Tablée des Chefs récupère et redistribue des millions de portions d’aliments encore bons. En 2023, ce sont plus de 250 établissements (hôpitaux, écoles, restaurants, événements) qui ont participé à ce projet d’envergure. Portrait d’une initiative qui permet d’éviter le gaspillage alimentaire à grande échelle.
Les surplus alimentaires dans les événements et le milieu institutionnel
Que ce soit dans les grands événements ou dans les institutions, il reste souvent des quantités considérables de repas et mets préparés à la fin de chaque journée. Pour éviter que ces aliments se retrouvent à la poubelle, la Tablée des Chefs a développé un protocole qui permet de récupérer les invendus et de les redistribuer à des organismes en sécurité alimentaire, qui s’occupent ensuite de nourrir les plus vulnérables.
Les aliments en surplus sont souvent de très grande qualité. Par exemple, dans les événements comme le Grand Prix, les festivals de musique ou dans des loges sportives, l’offre alimentaire est abondante et luxueuse, et souvent en quantité beaucoup plus grande que les besoins de la clientèle. La Tablée des Chefs, lors d’une cueillette, a déjà récolté jusqu’à trois tonnes de nourriture encore bonne! Sans les efforts de la Tablée des Chefs, ces aliments de luxe, comme des filets mignons, des fruits de mer et des desserts haut de gamme auraient été jetés.
Dans le milieu institutionnel, les surplus alimentaires sont moins excessifs, mais tout aussi présents. De plus, la qualité est aussi au rendez-vous! Par exemple, dans un hôpital, les repas sont conçus par des équipes de nutritionnistes et suivent des politiques alimentaires strictes.
Contrairement au milieu de la restauration, les institutions ont souvent peu de flexibilité dans la gestion des surplus. Les services alimentaires suivent souvent des recettes standardisées, et surproduisent systématiquement pour éviter qu’il ne manque de repas pour les usagers et usagères de l’institution. Les dons institutionnels sont donc souvent difficiles à éviter et assez prévisibles, ce qui peut être une véritable manne pour les organismes qui œuvrent en sécurité alimentaire.
Le contact humain est au cœur du programme de récupération des dons. Nous visons une collaboration entre les institutions et les organismes qui pourra perdurer dans le temps, pour que la récupération de surplus alimentaires devienne naturelle dans chaque cuisine institutionnelle.
Ingrédients de réussite
- Un protocole de récupération bien défini, sécuritaire et durable
- Des maillages humains et adaptés aux réalités des donateurs et organismes
- La dignité et les connexions au coeur du processus
Les dons alimentaires : un processus bien rodé
Avec le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), la Tablée des Chefs a développé un protocole pour assurer l’innocuité des aliments donnés et ainsi faciliter le processus de don. Une attention particulière a été portée sur la simplicité et la durabilité du processus. En effet, les cuisines institutionnelles vivent souvent un roulement important de personnel. Il faut donc que le protocole de don soit simple, pour qu’il s’ancre dans les pratiques du quotidien afin que l’initiative perdure.
Pour uniformiser les pratiques, la Tablée fournit le matériel pour les dons. Ce sont souvent des contenants à usage unique recyclables en aluminium. Pour les soupes et les aliments liquides, des chaudières sont fournies. Lorsqu’une institution a un surplus, elle remplit le contenant, le ferme, identifie la nature des aliments et la date sur le couvercle. Ainsi, lorsque l’organisme bénéficiaire reçoit le don, il a toute l’information nécessaire pour en faire bon usage.
La Tablée des Chefs renseigne aussi les institutions sur les protections légales qui entourent le don d’aliments. En effet, les organisations donatrices sont protégées par la loi du bon samaritain, qui prévient de potentiels problèmes légaux. La peur d’être poursuivi est souvent un frein important au don alimentaire.
La communication et la dignité au premier plan
Il est aussi important de considérer les espaces d’entreposage réfrigérés et de congélation de chaque partie. Si une institution n’a pas de place pour entreposer longtemps les dons, il faudra que les livraisons s’effectuent plus souvent. D’un autre côté, les capacités d’accueil de l’organisme doivent convenir au volume de dons faits par l’institution.
Ce service à la carte est essentiel car ce sont seulement les bons jumelages qui vont perdurer dans le temps. Le lien humain entre les organismes et les institutions est au cœur de la démarche.
Ce maillage permet aussi de donner un sens à la démarche. Ainsi, la personne qui doit emballer les surplus ne le verra pas seulement comme une tâche de plus à faire, mais comme une façon concrète d’aider les nouveaux arrivants ou les plus démunis de son quartier.
Finalement, la Tablée veut s’assurer que le don se fasse dans la dignité. Même le type de contenants choisis est important. Recevoir des aliments peut être difficile pour l’égo des bénéficiaires, particulièrement lorsque ces dons arrivent dans des contenants dépareillés ou usés. La Tablée cherche à changer la perception de ces aliments, pour qu’on ne les considèrent pas comme des « restants », mais bien comme des surplus à redistribuer.
La Tablée des Chefs : aller plus loin que les dons alimentaires
La Tablée des Chefs ne gère pas seulement la redistribution de surplus. L’organisme fait aussi de la transformation d’invendus avec le programme Soupe Solidaire et éduque des centaines de jeunes chaque année à la cuisine à travers des programmes de brigades culinaires. Découvrez la Tablée des Chefs et ses nombreux programmes!
Le projet en bref
Nombre d’usagers
- 250 établissements partenaires
Services alimentaires impliqués
- Restauration, Hôtellerie, Institutions, événements
Quantité d’aliments récupérées
- 2 millions de portions récupérées en 2023
- Depuis 2022, 17 millions de portions récupérées
Attaquer le gaspillage alimentaire de front : suivez le guide!
Vous voulez vous lancer dans le don de surplus alimentaire? Consultez l’article Démystifier le don alimentaire en institution. Pour aller plus loin, le nouveau Guide Pratique ; Pour réduire le gaspillage alimentaire dans le milieu de la santé traite du don de surplus alimentaire, mais aussi des stratégies plus larges à mettre en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
